Le récit

Île de Karpathos – Traversée en mer Égée

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Jour 0 : Aéroport

Nous arrivons sur l’île de Karpathos à 23 heures, il fait nuit. J’avais repéré sur la carte et les images satellites quelques emplacements non loin de l’aéroport en vue de s’installer pour la nuit, mais dans le noir, il est difficile de s’y retrouver. Nous nous installons finalement sur le parvis d’une chapelle situé à deux pas de l’aéroport et passons la nuit à la belle étoile.

 

Jour 1 : Aéroport – Ruine de Chomalis
6h45 | 20km | +820/-355m

Le vent a bien soufflé cette nuit, nous sommes face à la mer, le réveil est matinal. Nous découvrons que le sac à dos de Célia est envahi par les fourmis. Il y a une fourmilière juste à côté, elles ont repéré les fruits dans son sac à dos. Après les avoir évacuées et fait un brin de toilette au robinet, nous entamons la marche.

Il fait déjà chaud. La traversée commence par la partie la plus plate, la matinée va être seulement vallonnée. Le paysage est sec et aride, l’île est très peu peuplée dans ce secteur. Nous traversons un beau canyon, celui de Vlychada, croisons quelques fermes isolées et des maisons en ruine, des éoliennes… avant d’arriver sur une hauteur qui domine le village d’Arkasa et la mer. Nous venons de traverser l’île dans sa largeur.

La plage d’Arkasa

Nous rejoignons la belle plage de sable fin d’Aghios Nikolaos. Deux tavernes sont installées face à la mer et la plage est aménagée de transats et de douches. La fréquentation reste raisonnable. Nous effectuons ici notre première baignade dans une eau à 27°C. Nous gagnons ensuite la presqu’île où était située Arkeseia, l’une des quatre anciennes cités antiques de Karpathos. Il ne reste que quelques ruines, mais les petites colonnes grecques faisant face au grand ciel bleu dégagent une atmosphère particulière.

Après une pause pique-nique, nous entrons et traversons le village d’ d’Arkasa, deuxième plus grande agglomération de l’île. Avec ses ruelles aux maisons blanches et bleues, ses terrasses fleuries, il a beaucoup de charme. L’itinéraire prend ensuite de la hauteur, en direction de notre premier col. Il fait très chaud, les rares points d’eau, sont des plus appréciés. Nous voilà maintenant dans un paysage sublime de mer et de montagne. Depuis le col, à 425 mètres d’altitude, nous avons la possibilité d’effectuer l’ascension du sommet Chomalis, culminant 250 mètres plus haut. Mais des nuages se forment et le temps de faire l’aller/retour, il fera nuit.

La mer vue des montagnes

Il nous faut trouver un emplacement pour le bivouac. Nous poursuivons le sentier qui contourne le sommet pour arriver au niveau d’une ruine. La vue est splendide, il y a quelques replats, mais le lieu est fort exposé aux vents. Nous cherchons un moment et finissons par trouver un petit replat de deux mètres carrés entouré par des buissons, ils nous protégeront du vent. La végétation étant très épineuse, il faut rester prudent à l’installation de nos matelas gonflables. En effet, dans la journée, Célia a trébuché et se retrouve avec beaucoup d’épines dans la cuisse. Nous sommes partis sans tente, uniquement avec une bâche que nous posons au sol sous nos matelas, et disposons d’un sac de couchage chacun. S’il venait à pleuvoir, nous pourrions, avec nos bâtons de randonnée, utiliser la bâche comme tarp.

 

Jour 2 : Ruine de Chomalis- Chapelle de Saint-Nicolas
7h10 | 17km | +815/-710m

Nous n’avons pas senti le vent cette nuit et à voir la forme des arbres dans le secteur, il doit souffler violemment dans le secteur. La brume envahit la montagne, le spectacle est magique avec les arbres pliés en deux, le vent qui siffle. L’itinéraire se poursuit sur les hauteurs et rejoint le Troulos, un sommet culminant à 610 mètres d’altitude offrant une vue à 360°. Nous pouvons voir la côte Ouest et la côte Est de l’île. Sur les crêtes gambadent de nombreuses chèvres semi sauvages. Elles errent seules dans les montagnes de Karpathos et s’enfuient aussi vite qu’un chamois.

Une ligne de crête

À midi, nous arrivons au village de montagne d’Othos. Nous faisons une halte à une taverne pour déguster des petits plats locaux une salade grecque, des boulettes de fromage, une purée de pois chiches. La cuisine est excellente ! Après un détour par l’épicerie, nous reprenons la route pour le village suivant, Volada. Plantations d’oliviers, de vignes, de citronniers, de figuiers, les cultures sont présentes tout au long du chemin. Après les villages, l’itinéraire se fait plus sauvage, nous effectuons notre premier hors piste à la recherche d’un passage. La végétation rase est un véritable parcours du combattant à traverser, nos jambes sont griffées de partout avec les épineux.

Nous arrivons en fin de journée à la chapelle isolée de Saint-Nicolas. Elle domine magnifiquement la mer, le coucher de soleil s’annonce splendide ! Nous profitons du point d’eau pour effectuer un brin de toilette, avant de voir des bergers arriver, ils courent après leurs chèvres pour les rassembler avant la nuit. Nous installons nos matelas devant la chapelle avec les étoiles pour plafond, le cadre est magique.

Bivouac sur le parvis d’une chapelle

 

Jour 3 : Chapelle de Saint-Nicolas – Baie de Lare
8h45 | 25,00km | +785/-1 330m

Nous avons droit en ce début de matinée à de magnifiques couleurs sur les montagnes. Le soleil les fait scintiller. Un peu plus loin, nous croisons nos bergers de la veille et continuons la marche à travers le plateau de Lastos pour atteindre le pied du Kali Limi, point culminant de l’île de Karpathos avec ses 1 215 mètres d’altitude.

Il fait toujours grand beau et la montée est en plein soleil, seul un petit bosquet d’arbres à mi-montée permet d’effectuer une pause à l’ombre. Nous croisons des randonneurs pour la première fois depuis le départ. Nous sommes sur un itinéraire plus fréquenté. Mais ça reste très raisonnable, nous ne verrons pas plus de quatre ou cinq personnes. Le sommet offre une vue à 360 degrés, la mer nous entoure. Pas de doute, nous sommes bien sur une île !

Au sommet du Kali Limni à 1215m

S’ensuit le plus gros dénivelé de la traversée, une descente du sommet du Kali Limi à 1 215 mètres d’altitude, jusqu’au niveau de la mer à la plage de Kato Lefkos. La première partie de la descente reste à flanc de montagne, abrupte, dans des éboulis, un bel itinéraire nous conduit à une altitude plus basse, au niveau des forêts. La journée est une nouvelle fois extrêmement variée en terme de paysage et d’environnement. Nous passons devant différentes ruines, une belle aire de battage, une vieille chapelle, un canal d’irrigation en pierres, avant de gagner les premières habitations. Plus bas encore, c’est une ancienne citerne et une carrière romaine que nous apercevons, ainsi que des maisons troglodytes.

Lorsque nous arrivons au village de Kato Lefkos, nous restons bouches bées devant la beauté de sa plage. Elle est certes fréquentée, les parasols sont alignés, mais ce n’est pas sans raison. Une plage constituée de sable fin, en forme de lune, donnant sur une eau d’une clarté impressionnante. Nous nous posons à un café, le temps de prendre une boisson fraîche en compagnie de la gérante et d’admirer la mer. Ayant en vue de rejoindre une crique pour la soirée, nous décidons de repartir sans nous baigner… Nous le regretterons…

Nous longeons la mer, des petites plages plus isolées se suivent. Au pied des falaises, ce sont les plages de naturistes, loin des regards, que nous apercevons. Le sentier prend un peu de hauteur, pour rejoindre les hauts des falaises. Il nous reste encore un bon bout de chemin pour finir notre étape du jour. D’autant plus que nous passons maintenant un secteur loin des chemins et sentiers de randonnée, nous errons en hors piste. Dominant la mer, traversant d’anciennes terrasses de culture, l’itinéraire est des plus beaux.

La baie de Kato Lefkos

Nous finissons par arriver au dessus de la crique. D’en haut, elle est superbe. Un chien aboie avec insistance, il nous domine sur la hauteur, il semble attaché, nous continuons notre chemin. Nous descendons et rejoignons le bord de mer. Très encaissée, face au vent, cette crique reçoit tous les déchets que la mer refoule. Impossible de passer la nuit ici, nous remontons de l’autre côté en espérant avoir plus de chance à la crique suivante, celle de Lare. Le passage entre les deux criques n’est pas simple, aucun sentier, il faut se faufiler entre les rochers, la végétation épineuse, trouver son chemin… Puis nous descendons vers Lare. La crique est plus large, avec une piste qui la dessert, mais il n’est non plus pas possible de passer la nuit ici. Nous remontons de l’autre côté et sur les hauteurs, nous trouvons un emplacement plat, protégé du vent par une végétation non épineuse. Nous nous installons pour la nuit avec le soleil couchant. Chaque soir est un nouvel émerveillement. Le chien aboie toujours, nous l’entendons au loin, c’est étrange…

 

Jour 4 : Baie de Lare – Refuge d’Argoni
7h25 | 27km | +1 235/-1 080m

Au réveil, le chien se remet à aboyer… Il doit avoir un problème, il doit être bloqué, blessé…nous décidons d’aller voir. Pour cela, il faut descendre dans la première crique, remonter, descendre dans la deuxième crique puis remonter, et refaire le même chemin en sens inverse. Je pense que je dois pouvoir faire l’aller/retour en une heure et demie. Célia s’occupe de ranger notre bivouac et de garder les sacs pendant que je rebrousse chemin avec simplement un paquet de gâteaux, une gourde, le GPS pour ne par m’égarer dans le passage en hors piste et un sifflet pour indiquer que tout va bien régulièrement. Je pars au pas de course.

Lorsque je le rejoins, je vois que sa laisse (sa chaîne) est coincée dans les rochers. Il n’a pas l’air méchant, mais il continue d’aboyer. Je lui pose quelques biscuits et pendant qu’il les dévore, je le détache. Libre, il se met à courir partout, à renifler le sol, il cherche son chemin. Je lui propose de l’eau, il vide complètement ma gourde. Il est affamé et assoiffé. Je fais demi-tour, il me suit. Célia rejoint, je lui présente Posi (pour Poséidon, il faisait face à la mer). Je suis son sauveur, il ne me quitte plus d’une semelle et il est tout joyeux d’avoir de nouveaux compagnons.

Le village de Mesochori

Nous arrivons au village de Mesochori, l’un des plus beaux de l’île. Tout blanc, accroché au flanc de la montagne, constitué de petites ruelles où la circulation des voitures est interdite. C’est jour de fête, les habitants sont endimanchés et se rendent à l’église. Nous essayons de trouver quelqu’un à qui laisser Posi, mais la tâche n’est pas facile, tout le monde est bien occupé, il ne me quitte pas. Célia garde Posi pendant que je m’éloigne. Nous avons trouvé une personne à qui le confier. Elle s’échappe à son tour, rapidement.

Après une heure de marche, nous arrivons au col de Spoa où sont situés des vieux moulins. Ici, le vent est déchaîné, l’emplacement de ces moulins n’a pas été choisi au hasard. Le village de Spoa est un peu plus loin. Nous avons perdu notre carte… Célia pense l’avoir oubliée dans un café à Mesochori, lorsqu’elle se renseignait pour le chien. Pas le choix, nous faisons demi-tour par la route. Nous sommes pris en stop à l’arrière d’un pick-up. L’aller/retour nous prend une heure. Célia a retrouvé la carte mais s’est fait un claquage en courant jusqu’au café. Nous voilà bien. Avec quelques cachets, elle arrive à repartir en boitant.

De Spoa, après une pause, nous reprenons la marche, direction les crêtes. Nous prenons de l’altitude, jusqu’à 670 mètres au sommet du Kouloura. Le vent est déchaîné, la météo annonçait pour aujourd’hui des rafales jusqu’à 70 km/h en bord de mer. Nous avons du mal à garder notre équilibre, nous devons parfois marcher en se tenant coude à coude pour ne pas nous retrouver déportés par le vent. La poisse nous poursuit, un bouton du GPS vient de casser, je dois utiliser un capuchon de stylo pour le faire fonctionner et le pire, la trace GPS est tronquée, nous n’avons plus la suite du parcours. J’ai dû oublier de l’intégrer lors de l’importation… Heureusement, j’avais tout mis en doublon sur le téléphone, nous poursuivons la traversée avec celui-ci, difficile de faire sans GPS dans le secteur. Le vent nous épuise, je n’ai jamais connu un vent aussi violent, même en Islande, en Patagonie, ou sur l’Altiplano bolivien, des régions pourtant réputées pour cela. Il nous demande beaucoup d’efforts.

Sentier panoramique

Le bout de la crête atteinte, nous descendons dans une région reculée, une région d’élevage de chèvres. L’itinéraire n’est pas simple à trouver, c’est un vrai labyrinthe. La journée est longue après toutes ces épreuves, nous avons hâte d’arriver à la ferme d’Argoni. Elle abrite l’unique refuge pour randonneur de l’île. Généralement, il accueille des groupes d’agences, mais il est ouvert à tous. Par contre, comme nous n’avons pas réservé, il n’y a personne, tout est fermé, nous nous y attendions. Nous installons nos matelas sur la terrasse du bâtiment, dans le petit coin du barbecue pour nous protéger du vent. Le coucher de soleil est toujours aussi beau, comme chaque soir.

 

Jour 5 : Refuge d’Argoni – Olympos
2h30 | 8km | +420/-275m

Ce matin, nous poursuivons notre marche dans la campagne du bout du monde, nous nous sentons isolés de tout, ici. Malgré cela, le chemin est plus facile à suivre qu’hier. Nous finissons par rejoindre l’un des plus beaux sentiers de l’île, celui qui mène au fameux village d’Olympos. Un chemin pavé de pierres, à flanc de montagne, en balcon avec une vue panoramique sur la mer, le paysage est splendide.

Nous arrivons à Olympos en fin de matinée et cherchons l’hôtel Asto. Il est tenu par la famille Fourtina. Nous sommes accueillis par Evgenia, qui s’occupe du refuge où nous avons passé la nuit. Elle nous indique qu’il aurait juste fallu qu’on l’appelle avant et elle nous aurait préparé et ouvert le dortoir. Nous allons ensuite nous poser un peu au restaurant. Sophia, la grand-mère revêtue d’une tenue traditionnelle s’occupe de la cuisine. Entre ce midi et le repas de ce soir, nous dégustons plusieurs plats typiques de la région, comme :

  • Des légumes farcis
  • Des Karpathian makarounes (pâtes fraîches avec du fromage et des oignons)
  • De la chèvre dans une sauce à base de tomate
  • Des boulettes de viande dans une sauce à base de tomate
Le village d’Olympos

Durant la journée, Olympos grouille de touristes. Nous en profitons pour faire un brin de toilette et quelques courses à la micro épicerie, pas facile car le choix est maigre. À partir de quinze heures quand les cars sont repartis et le calme revenu, nous contemplons ce magnifique village. Perché sur l’arête de la montagne, il s’étend en étage sur chaque flanc de celle-ci. De nombreux anciens moulins à vent sont implantés en bordure et dans le village, face à la mer. Avec le charme de ses ruelles, ses petites échoppes, ses maisons colorées, son église et ses chapelles, ses vieux moulins… et surtout son emplacement, on comprend qu’Olympos soit considéré comme le plus beau village de Karpathos.

Nous passons ce soir notre première nuit dans un lit, après cinq bivouacs à la belle étoile.

 

Jour 6 : Olympos – Baie de Tristomo
7h05 | 18km | +755/-940m

Nous partons pour une nouvelle belle étape, après avoir été saluer la famille Fourtina au restaurant. De retour dans les terres, nous passons un col et arrivons au village agricole d’Alvona. Désertique, situé sur un plateau, l’ambiance est ici toute autre. Seule la taverne du village semble apporter un peu de vie au village. Depuis le début de la traversée, nous apercevons de nombreux arbres fruitiers au bord des chemins, figuiers, figuiers de Barbarie, orangers, citronniers, vignes et bien sûr des oliviers.

Aujourd’hui, nous croisons quelques randonneurs, c’est tellement rare, que ça mérite d’être mentionné. Karpathos n’est pas vraiment une île fréquentée par les marcheurs, quel plaisir d’avoir les sentiers rien que pour nous! Nous prenons la direction de Vrykous, pour un aller-retour à la pointe Nord-Ouest de l’île, où sont situées les ruines d’une ancienne cité antique. L’arrivée sur la péninsule est époustouflante. Chaque jour, le panorama nous éclate aux yeux. Nous croisons des ânes, ils nous suivent jusqu’au bout de la péninsule, jusqu’à l’aire de pique-nique. Ils ne nous lâchent pas d’un sabot lorsque nous nous installons pour manger. Une chapelle est installée dans une grotte et le débarcadère offre un coin de baignade idyllique, nous en profitons. Le coin est idéal pour un bivouac, mais nous avons encore du chemin.

Une baie isolée face à l’île de Saria

De retour à Alvona, nous prenons cette fois la direction du Nord-Est. Passé ce dernier village, nous rentrons maintenant dans l’extrême Nord de l’île qui est inhabité. Sauvage, aux grandes étendues, l’environnement change une nouvelle fois. Un beau chemin nous fait prendre de la hauteur. Nous arrivons au col en fin de journée, la lumière sur la baie de Tristomo et l’îlot de Saria en arrière-plan est époustouflante. Nous descendons de l’autre côté, vers la seule zone humide de l’île, un petit marais en bord de mer. En chemin, nous traversons un ancien village où la végétation commence à reprendre ses droits. Il semble avoir été abandonné du jour au lendemain, de nombreux objets sont encore en place. Tout ce secteur Nord compte également d’innombrables anciennes terrasses de culture où poussent des oliviers par centaines.

Nous rejoignons une chapelle repérée sur la carte pour nous installer. À son approche, nous constatons qu’elle semble être sur une propriété privée… Malheureusement, la nuit tombe, il n’y a aucun endroit dans le secteur où passer la nuit, entre la zone humide, la végétation épineuse et le manque de plat… Je n’aime pas trop cela, mais nous n’avons plus vraiment de choix, nous sommes bloqués pour ce soir. Nous déplions nos matelas dans un petit coin sur le parvis. Nous admirons ce soir notre dernier coucher de soleil sur la mer. Nous allons à partir de demain passer sur le versant Est de l’île.

Panorama sur la baie de Tristomo et l’îlot de Saria

 

Jour 7 : Baie de Tristomo – Diafani
5h45 | 16km | +555/-600m

Pour débuter la journée, nous commençons par effectuer le tour du marais. Nous passons par la plage qui est malheureusement recouverte de détritus refoulés par la mer, surtout de plastique. Il y a de tout, des centaines de bouchons de bouteilles, mais aussi des bidons, flacons, réservoirs et même un pare-choc de voiture ! Près du marais, nous nous cachons dans une ruine pour une pause d’observation naturaliste. Appareil photo à la main, nous guettons le passage des oiseaux.

Le sentier remonte ensuite le long de la baie de Tristomo jusqu’au village. Il surplombe une petite chapelle qui est comme posée sur l’eau. Heureusement que nous n’avions pas prévu de dormir ici, elle doit être à deux ou trois centimètres au-dessus du niveau de la mer, à la moindre petite vague, le parvis est recouvert d’eau. Le village de Tristomo n’est pas abandonné, mais il ne compte plus d’habitants permanents. Nous apercevons uniquement quelques chats. Il faut dire qu’il est bien isolé, aucune route n’arrive ici. Le seul moyen d’accès en dehors de la marche, est une arrivée en bateau par la sublime baie.

Le marais et la baie de Tristomo

Nous arrivons un peu plus tard à la pointe Nord de Karpathos. Il n’y a ici qu’une chapelle et de l’autre côté du bras de mer, l’îlot inhabité de Saria. J’allume deux cierges dans la chapelle, pour cette magnifique randonnée. Nous avons l’impression d’être arrivés au bout du monde, que le voyage touche à sa fin. En réalité, ni l’un, ni l’autre, nous sommes simplement au bout de l’île. Nous allons faire demi-tour par la côte Est et prendre la direction du Sud.

S’ensuit une belle et longue marche. Le sentier reste au début sur les hauteurs, un itinéraire vallonné qui passe par d’anciennes terrasses. Puis, il descend légèrement pour passer sous les parois rocheuses tout en surplombant la mer. Il nous faut près de trois heures sur ce magnifique passage, parfois vertigineux, pour atteindre la plage de Vananta, une ravissante petite plage de galets peu fréquentée. Nous effectuons ici notre première véritable halte en bord de mer. Nous prenons le temps de nous rafraîchir dans l’eau, de faire un peu de snorkeling pour observer les poissons et de nous prélasser au soleil.

La plage de Vanada

Nous gagnons le village de Diafani et nous nous installons dans un petit hôtel. Nous nous rendons à la capitainerie pour trouver un bateau qui puisse nous déposer demain au Sud de l’îlot de Saria et nous récupérer au Nord. Les tours que proposent les trois agences changent suivant le jour de la semaine et une seule propose des minicroisières avec randonnée. Nous attendons la fin de journée le retour du capitaine, malheureusement pour demain, c’est une autre excursion que Saria qui est programmée. Heureusement, il nous trouve un meilleur plan. Après-demain, il pourra nous déposer au Sud de l’îlot, le ferry en provenance de Pigadia pourra nous récupérer au Nord et nous ramener directement à la capitale, Bingo ! Cela nous laissera la journée demain, pour aller découvrir la plage réputée de Papa Minas.

Ce soir, c’est détente à Diafani, repos, resto et dodo dans un lit.

 

Jour 8 : Papa Minas
2h45 | 9km | +395/-380m

Afin d’éviter un aller-retour par le même itinéraire, nous passons pas les crêtes. Le vent y souffle comme il y a quelques jours, ça secoue bien ! Il nous faut environ deux heures pour atteindre la plage. Il n’y qu’une personne. Papa Minas est une petite plage de galets située dans une sublime crique. L’eau est d’une limpidité incroyable. Nous y restons la journée, à nous détendre au soleil et à nous baigner. Nous avons avec notre équipement de rando, emportés un masque et un tuba. Cela nous permet de faire du snorkeling. Il est très facile d’observer les poissons.

Moment de détente dans l’eau turquoise

Nous rentrons en direction de Diafani par le bord de mer et nous nous arrêtons juste avant le village pour une nouvelle nuit à la belle étoile, un peu mal organisée ce soir. Nous changeons d’emplacement à deux reprises, il n’y a pas vraiment de coin qui nous plaise.

 

Jour 9 : Diafani / Pigadia – Chapelle archange Michel
1h15 | 5km | +140/-140m

Lever matinal pour rejoindre le port de Diafani où nous prenons le petit déjeuner à la terrasse d’un café, face au lever du soleil. Le capitaine arrive, nous montons à bord du bateau avec les autres passagers. Mais quelque chose ne va pas, nous patientons, partira, partira pas… Apparemment le vent est trop violent aujourd’hui, trop de houle, la capitainerie ne donne pas le feu vert pour partir. Nous patientons, longtemps, puis finalement l’excursion et annulée. Un gros bateau en provenance de Pigadia a accosté, il a déposé les passagers qui se rendent d’ici, en bus, à Olympos. Sûrement le bateau qui devait nous récupérer cet après-midi à Saria (mais ça, nous le serons que plus tard).

Lever de soleil à la terrasse d’un café

Nous allons devoir rentrer en bus ce soir à Pigadia, car les locaux nous disent que le gros bateau ne repart pas pour Pigadia. Le capitaine nous propose de nous y conduire en voiture, il doit s’y rendre, nous patientons encore… Le temps passe quand d’un coup, il nous dit que le gros bateau part dans quelques minutes pour Pigadia. Nous prenons nos jambes à notre cou pour atteindre l’autre extrémité du débarcadère, nous montons à bord, essoufflés et en nage. Finalement, il ne partira qu’une heure plus tard. Il est quatorze heures quand nous débarquons à Pigadia. Nous sommes bien contents d’y être, car notre vol retour est pour demain et il nous reste de la marche, dommage pour Saria…

La ville de Pigadia n’a pas vraiment d’attrait, surtout après cette sublime dernière semaine. Nous ne nous y attardons pas et reprenons la marche, après y avoir fait un tour rapide. L’itinéraire nous conduit maintenant en direction de Menetes, un village de montagne réputé pour sa beauté. Nous bivouaquons au pied de la montage, sous le village, installés pour une dernière fois, sur le parvis d’une église.

 

Jour 10 : Chapelle archange Michel – Aéroport
3h50 | 14km | +365/-485m

C’est la première nuit, où il n’y a pas eu le moindre vent, même pas une brise. Alors que depuis le début, il souffle constamment et que nous devons nous en protéger pour bien dormir. J’étais tellement surpris, que cela m’a réveillé plusieurs fois… Il a fait vraiment très chaud et deux-trois moustiques ont tournés. Nous gagnons le village blanc de Menetes. Ses ruelles étroites et raides, ses tavernes et le panorama dont il jouit en font un des plus beaux villages de l’île avec Mesochori et Olympos. Nous contemplons le temps qui passe, ou le temps figé, nous ne savons pas trop, dans l’une de ses tavernes.

Le village de Menetes

Une dernière grimpette pour atteindre un col et une longue descente nous conduit au bord de la mer. Nous avons droit à un dernier passage plus ou moins en hors piste, dans une végétation d’épineux et à une belle gamelle de Célia sur un terrain poussiéreux et glissant… La trousse de secours nous sera une deuxième fois utile. Nous atteignons les plages du Sud, fréquentées principalement par les adeptes de la planche à voile. Nos derniers kilomètres s’effectuent sur ces plages qui semblent s’étendre à l’infini, jusqu’à atteindre la chapelle de notre premier soir.

En attendant notre vol, nous allons nous installer dans une taverne en bord de plage. Nous sommes le 14 septembre, notre voyage sur l’île de Karpathos se termine. Je vérifie les horaires de notre vol, nous ne sommes qu’à cinq minutes de l’aéroport, nous avons le temps. 10 septembre… Pourquoi nos billets d’avion affichent la date du 10 septembre ! Branle-bas de combat, nous rejoignons l’aéroport et son unique guichet, pour trouver deux places à bord du vol de ce soir. Après une longue attente, une belle frayeur, et la rencontre avec certainement, les seules personnes de toute l’île à être peu aimables nous indiquant que le vol est complet, nous parvenons finalement à acheter deux nouveaux billets. Nous nous envolons pour Athènes, dans un avion loin d’être complet !

Derniers kilomètres le long d’une plage