Le récit

Peaks of the Balkans – Monténégro, Albanie, Kosovo

>> Télécharger le récit en PDF <<

 

Jour 1 : Plav – Vusanje
7h25 | 26,40km | +1 350/-1 265m

Nous quittons notre camping situé au bord du lac Plav après y avoir passé une bonne soirée autour d’un plat traditionnel. Nous y reviendrons au retour du trek.

Il fait grand beau et chaud pour cette première journée, heureusement, car le topo annonce onze heures de marche pour rejoindre Vusanje. La montée débute doucement sur un large chemin, à travers les bois avec de belles vues sur la vallée. Nous entrons dans le Parc National de Prokletije. À la bergerie abandonnée du Katun Preljvukal, nous croisons deux allemands qui en sont à la fin de leur trek, ils ont débuté à Thethi en Albanie. Durant ces 10 jours, les quelques personnes que nous croiserons en train de faire le tour du Peaks of the Balkans, seront tous germanophones. C’est qu’à ce jour, il n’existe qu’un seul topo-guide sur ce trek, en allemand.

Crête du Vrh Bora

Le sentier continue à s’élever offrant une magnifique vue sur le lac de Plav. Nous avançons bien, nous sommes plutôt en forme pour cette première étape. J’ai juste un peu mal aux hanches à cause de mon sac à dos, il a souffert du transport aérien. Il est arrivé trois jours après nous à Podgorica, capitale du Monténégro, nous faisant craindre qu’une grande partie de notre équipement ne soit perdue. Lorsque je l’ai récupéré, il était bien amoché, arraché à différents points, alors qu’il était dans une housse de transport, mais surtout, l’armature du dos était toute déformée… En dehors de ce souci matériel, ces trois jours de retard nous ont obligé à décaler notre départ. Du coup, nous ne sommes plus en phase avec les dates inscrites sur notre permis transfrontalier qui nous permet de passer de pays en pays par les montagnes, hors poste frontière. L’office du tourisme de Plav nous ayant dit que le plus important était d’avoir le permis, nous ne sommes pas allés le signaler à la police des frontières (nous n’aurons aucun contrôle durant le trek).

Sur les hauteurs, près du sommet Vrh Bora culminant 2 105 mètres d’altitude, nous croisons Markus au milieu des myrtilles. Il arrive bientôt à la fin de son tour. Inquiet des feux de forêts visibles au loin qui semblent se situer très prés du sentier, nous faisons route ensemble jusqu’à Vusanje. En cette période de sécheresse, les feux sont nombreux dans la région, les montagnes fument !

Le sentier passe à proximité du sommet Maja e Fazlis culminant à 2 149 mètres d’altitude, il fait partie de hauts pics des Balkans. Il marque la frontière avec l’Albanie. Tout ce secteur est très minéral, formé de grandes dalles de pierre et blocs rochers. Nous ratons une bifurcation, faisons demi-tour et poursuivons la descente en fond de vallée. Le Peaks of the Balkans est balisé, mais il n’est pas encore fiable à 100 %, les égarements sont fréquents sur ce tour. Nous arrivons à Vusanje vers 17h30, soit en bien moins des onze heures de marche annoncées. Les montagnes qui surplombent le village fument, c’est assez impressionnant, deux avions survolent les lieux, mais personne ne semble s’inquiéter. Nous installons nos tentes à la sortie du village près des tables de pique-nique.

 

Jour 2 : Vusanje – Thethi
6h15 | 22,60km | +925/-1 100m

Nous nous réveillons dans la brume des feux de forêts. Le temps de prendre le petit-déjeuner, le soleil apparaît, mais un voile persiste. Nous passons voir la cascade Grlja et le lac Skakavice, dit l’œil bleu, un puits béant naturel. Mais les deux sont à sec avec la sécheresse inhabituelle qui règne en cette fin de saison.

Nous remontons la grande vallée étroite de Ropojana, bordée par des hauts pics, dont le plus imposant, le Veliki Vrh, culmine à 2 490 mètres. Il fait chaud, très chaud. Nous passons la frontière sans même nous en rendre compte au niveau du lac Ropojansko Jezero en monténégrin, ou Liqeni i Gjeshtarës en albanais. Il est lui aussi asséché, mais son cas n’a rien d’anormal, le lac n’est présent qu’à la fonte des neiges. Étrangement, la frontière ne se trouve pas au niveau du col, la montée se poursuit, fortement, jusqu’à une zone de pâturage où nous trouvons enfin un peu d’eau à proximité d’un abri sommaire de bergers. La montée se poursuit dans un environnement plus minéral. La vallée se rétrécit et à son passage le plus étroit se trouvent des restes d’anciens bunkers datant des guerres de l’ex-Yougoslavie.

Panorama sur les sommets

Markus poursuit la marche avec nous aujourd’hui. Nous n’avons pas le même rythme, mais il marche là, à côté de nous, s’arrêtant lorsque nous faisons une pause, reprenant la marche lorsque nous repartons. Nous effectuons une pause pour le midi un peu avant le col. Il attend, ne mange pas et reprend le chemin avec nous…

De l’autre côté du col Qafa e Pejës se trouve le Parc National de Theth. La descente est abrupte, mais superbe, impressionnante, passant au-dessus puis au pied de grandes barres rocheuses aux à-pics spectaculaires. Cette étape fait partie de l’une des plus belles du Peaks of the Balkans, une étape de haute montagne qui a donné son nom à ce trek. Lorsque la descente redevient plus douce, nous passons devant un bar-café-taxi. Une petit échoppe au bord du chemin qui peut également conduire les randonneurs fatigués jusqu’à Thethi. Ce secteur autour du village de Thethi, jusqu’à Valbona, est un coin un plus touristique, un lieu de vacances pour les Albanais.

Nous installons notre tente dans le jardin d’une des nombreuses guesthouses de Thethi et profitons de son restaurant pour déguster un bon repas pour 6€/personne. Thethi n’est pas un village à proprement dit, il s’agit d’un hameau qui ne vit surtout l’été. Le reste de l’année, il n’est pas, ou très peu, habité. En dehors des hébergements, il n’y a du coup aucun commerce.

 

Jour 3 : Thethi – Valbona
6h50 | 23,10km | +1 125/-1 155m

L’étape entre Thethi et Valbona est la plus fréquentée du tour, ou fréquentée tout simplement, car cela reste raisonnable. Cette randonnée à la journée est une balade prisée par ceux qui voyagent en Albanie. Du coup, nous ne sommes pas les seuls à prendre la direction du col ce matin. Notre compagnon de route nous suit toujours, mais sans son sac resté à la guesthouse, il n’ira pas plus loin que le col, son trek est terminé. Allégé, il marche plus vite, mais il reste là, avec nous, à nous attendre à chaque virage.

La montée est raide. Elle débute en forêt, passe un village et deux cafés sont installés le long du sentier, où il est possible d’installer sa tente. Le panorama se dégage petit à petit et l’itinéraire s’engouffre à nouveau dans un environnement alpin, nous sommes au cœur des Dolomites albanaises, dans un paysage karstique. Nous arrivons au col Qafa e Valbonës culminant à 1 790 mètres d’altitude en même temps que d’autres groupes en provenance de Valbona. Nous entendons parler français, ça sera la seule et unique fois en 10 jours. Nous grimpons sur le petit sommet qui domine ce col étroit, il offre une vue panoramique exceptionnelle sur le massif des Alpes albanaises, les hauts sommets des Balkans et le Parc National de la vallée de Valbona.

Panorama sur les sommets

Nous prenons la direction de la descente, seuls, nous ne sommes plus que deux. En chemin, nous croisons des muletiers avec leurs mules qui transportent les sacs des groupes aperçus plus haut. Nous faisons une pause à l’un des cafés en plein air aménagés sur cette étape. Une boisson fraîche sous ce soleil de plomb nous fait le plus grand bien.

La descente se poursuit pour atteindre la vallée de Valbona. Ce n’est pas la portion du trek la plus intéressante. Entre Rragam et Fusha e Gjesë, l’itinéraire suit une sorte de grande moraine poussiéreuse, puis il gagne la route jusqu’à Valbona, mais il faut avouer que la vallée est magnifique, entourée de hauts sommets. Le village de Valbona se situe au pied du Maja e Thatë culminant à 2 406 mètres d’altitude. Ici, il y a le choix dans les hébergements, hôtels guesthouses, campings… Nous poursuivons encore un peu par une variante afin d’échapper à la route, jusqu’à Rilindja où nous nous installons au camping pour la nuit. Un orage passe.

 

Jour 4 : Valbona – Balqin
6h20 | 17,90km | +1 190/-205m

Après la pluie de cette nuit, le réveil se fait au sec. La vallée est plongée dans la brume. Nous poursuivons sur notre petite variante, profitons des myrtilles qui bordent le chemin et nous enchaînons sur une seconde variante. Elle va nous conduire directement au village de Çerem, évitant ainsi un long détour par la route. Nous sommes maintenant à l’écart des sentiers fréquentés, il faut un peu batailler avec la végétation humide, nous avons les jambes trempées. Ce passage en forêt est très beau, isolé, nous cherchons des traces d’ours. Ours, où es-tu ?

Nous arrivons à Çerem sous la grisaille, quelques gouttes tombent. Nous cherchons un endroit où manger au sec, mais les maisons à l’abandon n’ont plus de toiture. Nous nous dirigeons vers la maison qui serait la guesthouse, mais il semble n’y avoir personne. Nous ne croisons personne dans le village. Quand d’un coup nous entendons crier. Qui, quoi, comment ? D’où cela vient ? Nous comprenons qu’une femme au loin est en train d’appeler les propriétaires. Un couple sort. Ils nous invitent dans leur maison traditionnelle et pour quelques euros, nous prenons un copieux repas. Malgré la barrière de la langue, nous recevons un très bon accueil et arrivons à échanger avec l’aide d’un livre de discussion par images et une application de traduction sur notre téléphone. Nous apprenons que leur fille vit à Lyon… Après un peu plus d’une heure de pause, nous reprenons la route, une éclaircie perce, le ciel se découvre. Cette météo médiocre du matin était là pour nous pousser à faire cette belle rencontre.

Le sentier continue à prendre de la hauteur à travers de jolis bois et prairies. L’itinéraire fait un petit crochet au Monténégro avant de revenir en Albanie. Sur la crête frontalière, une tour de guet au sommet d’une colline domine les alentours. Mais nous ne croisons aucune police, il n’y a que des myrtilles ici. Les bois sont calmes et paisibles, isolés de tout. Nous arrivons maintenant dans le secteur des hauts pâturages des Alpes albanaises. Les premiers villages de bergers arrivent dans le paysage. À celui de Balqin, nous sommes accueillis dès notre arrivée. Une dame nous conduit à sa bergerie en bois et nous montre la chambre réservée aux randonneurs. Nous avons du mal à nous comprendre et à définir le prix. Elle appelle sa voisine. Nous nous retrouvons à discuter en espagnol, avec une Italienne qui vit en Albanie… Nous logeons en demi-pension pour 15 €/personne.

Troupeau de moutons

Après les activités du soir, le retour des troupeaux dans leur parcelle, la traite des brebis, le coucher de soleil est des plus resplendissants. Passer une nuit dans un village de berger est une expérience à ne pas manquer sur le Peaks of the Balkans. La maison en bois est rustique, les courants d’air sont nombreux. Elle est constituée de deux pièces, une pièce principale qui sert de salle à manger et de chambre pour les invités, et à côté se trouve la chambre du couple de bergers. La promiscuité est de mise. À l’extérieur, une troisième pièce sert de cuisine. Après un copieux repas s’ensuit une partie de dominos surréaliste. Célia avec le berger, moi avec la bergère, nous jouons en équipe à un niveau élevé. Nous avons du mal à suivre la partie. Ils comptent les dominos et calculent leur jeu plusieurs coups à l’avance, ça ne rigole pas. Le domino, c’est du sérieux !

 

Jour 5 : Balqin – Roshkodol
6h20 | 19,50km | +1 055/-1 100m

Entre les hurlements du chien, les chants du coq, les ronflements du berger, la nuit a été courte, mais nous repartons enchantés de cette soirée dans ce village de berger. Nous reprenons la marche sous un grand ciel bleu et entrons maintenant dans le Parc National de la rivière Gashit. L’itinéraire alterne entre des traversées de bois et de pâtures jusqu’à atteindre Dobërdol. Ce village, moins pittoresque que Balqin, se situe dans un très beau cirque et dispose de guesthouses mieux aménagées pour recevoir des randonneurs.

Montée raide vers la frontière

La montée sur la crête derrière le village est des plus raides. Elle permet d’atteindre le tripoint à 2 365 mètres entre le Monténégro, l’Albanie et le Kosovo. La vue est dégagée et le sentier se poursuit sur une belle ligne de crête entre Monténégro et Kosovo. Nous entrons dans le Parc National des montagnes de Nemuna et passons le col Roshkodol, l’un des deux plus hauts cols du tour avec ses 2 258 mètres. Nous redescendons dans la vallée du même nom en direction du village de Roshkodol. Mais pour profiter de cette belle vallée, nous décidons de nous arrêter avant et d’installer un bivouac pour la nuit. Une rivière à proximité nous permet de faire un brin de toilette et d’avoir de l’eau pour la soirée. En plus, la vallée regorge de myrtilles ! Durant la soirée, nous voyons les bergers venir récupérer leurs troupeaux de vaches et de moutons pour les ramener à leur bergerie.

 

Jour 6 : Roshkodol – Rugova
6h05 | 19,80km | +760/-1 615m

Nous nous réveillons avec les cloches des vaches qui regagnent leur pâturage. La descente se poursuit tranquillement jusqu’à Roshkodol, un village constitué de belles maisons en bois, puis nous bifurquons pour reprendre un peu de hauteur et atteindre les villages de bergers de Lojza et Milishevec. Ici, nous nous sentons loin de tout, nous croisons que peu de monde, même dans les villages. S’ensuit une longue et raide montée vers le col Lumbardhit. La vue est complètement dégagée sur la vallée de Roshkodol. Il fait encore très chaud aujourd’hui, le soleil cogne fort. Le col donne l’impression de se retrouver dans un cratère de volcan, nous retrouvons également un panorama plus alpin.

Nous contournons ce faux cratère, passons au pied du Guri i Kuk qui culmine à 2 522 mètres et dont son ascension doit sûrement permettre de faire une coupe et rejoindre directement le Monténégro. Nous arrivons au lac Pusi i Magareve qui est alimenté en eau par un puits naturel. Malheureusement, comme les quelques lacs et cascades que nous avons passés depuis le début du trek, il est asséché. Quant au puits d’une profondeur de 9 mètres, le niveau de l’eau est bien trop bas pour que nous puissions l’atteindre. Heureusement, les éleveurs du coin sont présents et ont installé une pompe pour déverser l’eau dans l’abreuvoir de leurs vaches. Elles sont autant assoiffées que nous. Les éleveurs nous expliquent que l’été a été caniculaire, c’est la sécheresse partout. L’eau manque et ils vont devoir quitter les alpages plus tôt que les années précédentes, d’ici une semaine.

Lac Magareve asséché

Nous prenons le chemin de la descente, plus de 1 000 mètres nous séparent de la vallée de Rugova. La descente est longue et le sentier pas toujours évident à suivre, le GPS nous est bien utile une nouvelle fois. La vue s’étend jusqu’à la frontière monténégrine, avec le sommet Hajla que nous allons rejoindre demain. Les gorges de Rugova ont un fort attrait touristique, les Kosovars sont nombreux à passer leurs vacances ici. Du coup, ça ne manque pas d’établissement où passer la nuit. Nous nous arrêtons à l’hôtel-restaurant Rugova Camp. Il n’y a rien de vraiment prévu pour installer sa tente, du coup, nous louons un mini chalet pour la nuit pour 20 €. L’occasion de prendre une douche et de faire une lessive complète, nous repartirons propre demain. Nous profitons également du restaurant, pour moins de 10 €/personne, nous avons droit un repas complet.

 

Jour 7 : Rugova – Col Gjonit
6h05 | 19,80km | +760/-1 615m

Au matin, nous faisons du stop afin de rejoindre la ville de Pejë située à 15 kilomètres à l’écart de l’itinéraire. Nous avions prévu dans nos étapes d’effectuer cette A/R pour nous ravitailler, car il n’y a aucun commerce sur le Peaks of the Balkans en dehors de Plav, point de départ et d’arrivée de la boucle. Malheureusement, nous apprenons qu’aujourd’hui est un jour férié au Kosovo, tout est fermé. Par chance, nous trouvons une épicerie ouverte. Il n’y a pas tous ce que nous souhaitions, mais suffisamment pour refaire le plein de vivre pour les 4 jours restants.

A§u village de Pepaj

Au retour, nous sommes pris en stop par une famille qui va passer quelques jours dans les montagnes de Rugova. Le conducteur parle français et nous explique que 90 % de la population est ici d’origine albanaise. Tout le monde parle albanais et le drapeau rouge avec un aigle à deux têtes flotte sur le devant de chaque maison. Nous nous faisons déposer quelques kilomètres après Rugova, à l’entrée de la vallée de Rekë e Allagës. Il fait toujours très chaud et nous suivons une piste jusqu’au beau hameau traditionnel de Hokaj. Nous nous installons à l’ombre d’un arbre pour déjeuner et avant de reprendre la route, nous demandons de l’eau. La suite du parcours va grimper sec, nous allons avoir soif…

À la sortie du hameau, nous tournons un peu en rond pour trouver le bon itinéraire. Entre les sentiers visibles, la trace GPS et les rares signalisations, rien ne correspond, c’est le bordel. Nous coupons comme nous pouvons pour rejoindre un point GPS situé plus loin. Nous retrouvons le chemin et le suivons à travers les bois. Avec le plein de nourriture et d’eau, les sacs à dos pèsent leur poids. La montée est raide et même si nous sommes à l’ombre, il fait chaud. L’itinéraire suit des couloirs de forestiers et monte tout droit en direction du col Gjonit. Dominé par le sommet frontalier Hajla culminant à 2 403 mètres d’altitude, le col est dégagé, plusieurs bergeries abandonnées à moitié en ruine y sont présentes, ainsi que quelques sources d’eau. Le lieu est idéal pour un bivouac.

Nous installons notre tente sur une hauteur à côté d’une maisonnette en bois effondrée. Il y a une source pour l’eau, un arbre pour l’ombre, une vue panoramique sur le massif, nous avons trouvé là un bivouac de rêve.

 

Jour 8 : Col Gjonit – Liqenat
5h55 | 23,50km | +875/-1 185m

Nous poursuivons l’itinéraire qui alterne entre des chemins de campagne bordés d’arbres fruitiers et une route bitumée qui traverse un beau canyon. Une route défoncée qui semble mener nulle part… Que fait-elle là ? Nous traversons les hameaux paisibles de Pepaj, Drelaj et Dugaïvë, ce dernier abrite une étrange maison en forme de château fort. Trois familles seulement habitent ce village à l’année. Quant au panorama, il offre d’un côté une vue sur les montagnes du Hajla et de l’autre, il laisse apercevoir le complexe de Liqenat et ses montagnes au loin.

À Kuçishtë, nous recoupons la vallée de Rugova pour atteindre le départ de la route qui mène à Liqenat. Comme nous n’avons aucune envie de suivre les serpentins de cette route, nous recherchons un autre itinéraire que l’officiel. Nous trouvons un départ de sentier derrière l’air de pique-nique situé au bord de la rivière, qui ressemble à une décharge… Nous le suivons et débouchons plus haut sur un itinéraire bis qui permet d’atteindre le complexe touristique sans suivre la route, mais un peu plus long.

Liqenat est formée de deux grands hôtels-restaurants et quelques autres petits établissements. C’est un lieu touristique fréquenté par les Albanais, pas très joli mais à l’ambiance très conviviale. Nous louons un mini chalet pour 30 € et dînons au restaurant panoramique pour 13 €/pers. Nous optons pour des spécialités locales : piments baignés dans la crème fraîche, soupe de champignons, bœuf au fromage fondu et fli.

Station de Liqenat

 

Jour 9 : Liqenat – Babino Polje
5h10 | 17,40km | +1 070/-985m

Il pleut à notre réveil… Nous consultons la météo (grace à la connexion wifi du restaurant) et voyons que cela ne devrait pas durer. Du coup, nous restons dans notre chambre à nous reposer et repoussons l’heure du départ. Lorsque le ciel commence à se dégager et que des rayons du soleil pointent leur nez, nous enfilons nos chaussures. À la sortie de Liqenat, nous croisons d’autres randonneurs qui apparemment ont opté pour la même stratégie, l’attente.

Dès le début, le parcours est très beau, il grimpe à travers les bois pour atteindre le lac Liqueni i Kuçishtë de couleur vert émeraude. Nous comprenons mieux la présence du complexe de Liqenat, le secteur offre de belles balades dans un environnement montagneux facilement accessible à tous. Le second lac du parcours, Liqueni i Drelajve, est quant à lui asséché, il n’a pas résisté à l’été caniculaire. La météo reste instable, le ciel se couvre et il pleut à nouveau. Nous profitons d’une bergerie abandonnée pour nous abriter. Comme la journée est courte, nous ne sommes pas pressés. Une fois sur la crête, le panorama devrait être superbe, nous préférons attendre le retour du ciel bleu avant d’entamer la suite du parcours. Nous restons ainsi plus d’une heure dans cette petite cabane.

Col Jelenka

L’itinéraire se poursuit dans un paysage alpin, le sentier qui mène au col est bordé par de belles parois rocheuses. Au col Jelenka le vent souffle violemment, nous prenons juste quelques photos du sublime panorama qu’il offre avant de perdre un peu d’altitude afin de s’abriter. Nous longeons maintenant la crête frontalière entre le Kosovo et le Monténégro. Là aussi, la vue est belle et nous surplombons la vallée de Roshkodol où nous étions il y a quelques jours. En plus, le sentier est bordé une nouvelle fois de myrtilles ! Au bout de la crête, nous descendons vers le hameau de Babino Polje. Le sentier débouche directement sur une maison, nous sommes bloqués par des barrières.

Nous apercevons la propriétaire, elle nous fait signe que nous pouvons traverser sa cour. De l’autre côté, une pâture s’étend, elle serait parfaite pour y installer la tente. Nous retournons voir la femme qui nous a paru accueillante et avec quelques signes de la main, nous nous faisons comprendre. Elle saisit rapidement notre demande et nous autorise à nous installer. La tente montée, nous voyons son mari rentrer, accompagné de deux vaches. Il marche avec l’aide d’une canne et il semble avoir un handicap pour parler. Il pousse des cris, fait plein de gestes, pour nous demander quelque chose, mais nous ne comprenons rien. Célia pense qu’il veut que nous ouvrions la barrière pour que les vaches puissent passer, mais il n’y a aucune porte, juste des gros rondins de bois bien fixés, que je n’arrive pas à déplacer. Pendant que je m’escrime à trouver le fonctionnement, il continue à crier et les vaches s’enfoncent dans la végétation, je leur cours après, comme je peux. Il m’indique un point de passage plus haut par lequel les faire rentrer, je galère comme pas possible. Ouf, elles sont passées, il les emmène à l’étable pour la traite. Un peu plus tard, il revient nous voir, lorsque nous préparons notre repas. Mais nous ne comprenons pas grand-chose et il fait nuit noire.

 

Jour 10 : Babino Polje – Plav
5h55 | 23,70km | +675/-1 305m

Au petit matin, le couple nous invite à prendre le café, un café turc, et des biscuits pour le petit déjeuner. Avec notre livre de discussion par images et quelques gestes, nous arrivons à échanger. Ils sont adorables et constatons rapidement que nous ne sommes pas les premiers randonneurs qu’ils accueillent. Nous faisons là une nouvelle belle rencontre sur ce bel itinéraire.

Notre famille d’accueil

Nous leur disons aurevoir et promettons d’envoyer les photos qu’ils nous ont demandé de prendre dès notre retour en France. Le chemin prend un peu de hauteur, passe un nouveau village de bergers qui semble ne plus être habité, la transhumance de retour a commencé. Nous pénétrons maintenant dans la réserve naturelle du lac Hridsko. La forêt est magnifique, nous sommes à l’écoute du moindre bruit d’animaux, petits ou grands. Verrons-nous un ours ? Quant au lac, il fait oublier tous ceux asséchés que nous avons croisés, le lac Hridsko est sublime. Nous restons un bon moment sur ses rives à le contempler et à profiter de cette dernière journée de marche.

Sur les hauteurs qui suivent, au petit sommet Veliki Hrid, le panorama offre une vue dégagée sur les hauts pics des Balkans des premiers jours, la boucle est bouclée. Nous avons comme un goût de trop peu, ce trek est vraiment passé très vite. Il ne nous reste plus qu’une longue descente pour rejoindre Plav où nous retournons à notre petit camping paisible au bord du lac.