Le récit

El Anillo de Picos de Europa – Tour des refuges

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Jour 0 : Sotres

Arrivés en voiture dans le massif des Picos de Europa, nous passons notre point de départ, Puente Poncebos situé dans le fond d’une gorge. Il y a bien des hôtels, mais le lieu est très encaissé. Nous préférons rejoindre le charmant village de Sotres sur les hauteurs pour y passer la soirée. A seulement 20 minutes de route, cela va nous permettre de laisser un sac de nourriture à l’hôtel. Nous repasserons par ce village au septième jour de marche. Le ciel est gris et la météo n’annonce pas très beau pour les prochains jours, nous croisons les doigts. Nous sommes en octobre et le massif situé près de la mer a tendance à bloquer les nuages, rendant la région pluvieuse.

 

Jour 1 : Puente Poncebos – Refuge Vega de Ario
7h50 | 18,9km | +1 565/-205m

Départ matinal de Sotres afin de trouver une bonne place de stationnement pour la voiture qui va rester ici une dizaine de jours. Puente Poncebos est l’accès principal au sentier de randonnée Ruta del Cares, très fréquenté. Il est 9h00, nous entamons notre tour des Picos de Europa !

Ruta del Cares

Le ciel est gris, il y a un petit crachin, mais quelques percées nous permettent d’avoir des bouts de ciel bleu. Entre la météo et l’heure matinale (en octobre, le soleil ne se lève pas avant 8h00), il n’y a pas foule, nous sommes presque seuls. L’impressionnante Ruta del Cares est un chemin taillé dans la roche, à flanc de montagne, un sentier spectaculaire avec des à-pics impressionnants donnant sur la gorge de la rivière Cares. Il a été creusé dans la montagne lors de la construction du canal qui alimente une centrale hydro-électrique située en aval. Il servait aux ouvriers, puis pour la maintenance du canal. Aujourd’hui, il est devenu un sentier de randonnée très populaire en Espagne.

Nous mettons un peu plus de temps que ceux indiqués. Nous admirons, prenons des photos et n’arrêtons pas de mettre et d’enlever notre veste et/ou surpantalon de pluie… Il ne tombe finalement pas plus de trois gouttes à chaque fois.

Nous quittons le canyon pour grimper dans le massif Occidental des Picos de Europa. Une grimpette bien raide de 1 100 mètres de dénivelé nous attend. Arrivés sur le plateau, le paysage change complètement et laisse place à une très belle formation rocheuse, près d’anciennes maisons de berger tout en pierre. Un chamois fait son apparition.

De nouvelles gouttes tombent, nous ne prenons pas la peine de mettre le surpantalon, cela ne dure jamais et il nous reste plus que vingt minutes pour atteindre le refuge Vega de Ario. Erreur, en moins d’une minute, c’est le déluge, nous arrivons trempés et il ne fait pas chaud à l’intérieur, la cheminée n’est pas encore allumée. Isolé dans un alpage, avec une superbe vue sur le massif Centrale, ce petit refuge est charmant et rustique. Nous ne sommes que cinq ce soir, plus le couple de gardiens. Il y a un couple d’italiens, que nous avons surnommé Naranja (orange en Espagnol) et Clémentine (nous ne savons pas le dire en Espagnol), car lorsque nous les avions aperçus en journée, ils avaient des housses de pluie orange vif qui recouvraient leurs petits sacs à dos, et un allemand, Feu au plancher (avec son pantalon trop court) qui lui à l’inverse à un sac à dos monstrueux.

Le repas

Ce soir, nous prenons la demi-pension, repas et nuitée. Mais nous réalisons que vu la saison, nous n’avons peut-être pas pris suffisamment d’argent liquide, nous allons devoir limiter les refuges. Impossible de payer par carte bancaire et si la météo reste mauvaise, les bivouacs vont être difficiles.

 

Jour 2 : Refuge Vega de Ario – Refuge Vegarredonda
6h55 | 19,1km | +715/-820m

Après un petit déjeuner copieux, nous reprenons la marche. Nous optons pour la variante qui passe par les lacs Enol et Ercina pour éviter les hauteurs, le ciel est toujours gris, et aussi, parce qu’il s’agit des seuls lacs des Picos de Europa. Nous empruntons une grande et longue vallée qui file tout droit. Nous apercevons un troupeau de chamois, puis des vaches dans les pâturages. Nous passons d’anciens petits hameaux de berger. Il y en a beaucoup dans le massif, mais ils ne sont plus habités. Le chemin descend doucement, agréablement, sans difficulté et nous amène aux lacs illuminés par le soleil. Il ne nous quittera plus de la journée.

Le lac Enol

Les lacs de Covadonga (Enol et Ercina), sont l’un des points d’accès au massif, une route arrive jusqu’ici, il y a beaucoup de touristes venus admire le panorama. Heureusement, l’espace ne manque pas, le plateau est très vaste. Nous pique-niquons dans notre coin, face à l’un des lacs. Du belvédère d’entre deux lacs, il est possible d’apercevoir la mer au loin. Elle n’est qu’à vingt kilomètres à vol d’oiseau.

L’itinéraire se poursuit à travers de jolis bois, puis de grandes zones d’alpage où se trouvent des majadas (hameaux de berger). Nous bifurquons pour reprendre de la hauteur, toujours par un agréable et beau sentier, qui nous conduit au refuge Vegarredonda. Il n’est pas possible de bivouaquer ici, mais le gardien, très sympa, nous indique que nous pouvons installer la tente à côté de l’ancien refuge, situé à dix minutes de marche. Cela nous convient parfaitement. Il y a une fontaine, un superbe panorama sur les montagnes et un espace plat pour s’installer. Nous avons juste le temps d’effectuer un brin de toilette et de monter la tente avant que le soleil ne se cache derrière les montagnes. Il ne fait pas très froid, nous passons une bonne partie de la soirée dehors à profiter des lieux. Des chamois passent non loin de notre bivouac. A croire qu’ils sont partout.

Bivouac au refuge Vegarredonda

 

Jour 3 : Refuge Vegarredonda – Cabane del Frade
6h15 | 13,8km | +1 130/-940m

Réveil dans une purée de pois, le brouillard est total et humide. Une grosse grimpette nous attend pour entrer dans le cœur du massif Occidental, nous allons avoir chaud. Nous partons seulement avec le t-shirt sous la veste, la polaire reste dans le sac à dos. Il faisait 8°C au réveil. Des chamois, encore ! Nous en verrons plus d’une cinquantaine aujourd’hui, c’est fou. Les Picos de Europa regorge d’une grande concentration de chamois.

Nous errons dans un univers spectaculaire. Les percées dans le brouillard nous laissent apercevoir des parois rocheux d’une belle verticalité, des éboulis, des cratères… un panorama lunaire très chaotique. Dans cette explosion de roche, nous n’arrivons pas à comprendre le relief. Nous avons l’impression d’évoluer dans un environnement ayant subi un tremblement de terre.

Un monde minéral

Au bout de deux heures, la montée se fait moins raide et le vent s’est levé. Impossible pour nous de nous arrêter plus d’une minute, le temps de grignoter un petit quelque chose ou de boire. Nous nous refroidissons trop vite, d’autant plus que nous commençons à être humides, la pluie, même légère, s’infiltre à travers nos vêtements. Il nous faut au final un peu plus de quatre heures pour rejoindre le premier abri. La petite cabane en pierre Vega Huerta située sur un col, où le vent est dingue, nous permet de nous poser, sécher et réchauffer, ou disons plutôt, de ne pas avoir froid. Nous y restons une heure et demie.

Nous pensons que Naranja, Clémentine et Feu au plancher ont dû prendre un autre itinéraire. Ils n’étaient pas équipés pour franchir les hautes montagnes par mauvais temps et ils ne disposaient pas d’équipement de bivouaque pour écourter l’étape comme nous pensons le faire. Nous reprenons la marche, toujours en compagnie du vent, mais avec de belles percées lumineuses, l’ambiance est magique. Des chamois passent, nous perdons de l’altitude petit à petit et l’abri suivant se devine dans une prairie en contrebas.

Cabane del Frade

La cabane del Frade est plus grande que la précédente. Elle reste sommaire, une grande table et quelques bancs. Il y a une mezzanine pour le couchage, mais pas d’échelle… Nous sommes seuls et en profitons pour étaler tout notre équipement pour le faire sécher. Le soleil pointant son nez en fin de journée, nous pouvons nous réchauffer et faire un brin de toilette au bassin situé à côté de refuge. Après cette journée fraîche, nous nous mettons dans notre sac de couchage durant la soirée pour prendre notre repas bien au chaud.

 

Jour 4 : Cabane del Frade – Cordiñanes de Valdeón
5h45 | 13,9km | +360/-1 210m

La nuit a été calme, nous avons très bien dormi et le ciel est complètement dégagé ce matin, cela nous motive fortement pour débuter cette nouvelle journée.

L’itinéraire traverse une belle forêt de hêtres, quelques prairies offrant de belles fenêtres sur le massif Occidental et passe devant la ferme-refuge Vegabaño. Champignons, myrtilles et mûres, nous accompagnent durant cette matinée paisible. Nous gagnons la vallée et passons quelques hameaux. De nombreux anciens greniers à grains traditionnels, des hórreos, bordent le chemin. Arrivés à Posada de Valdeón, nous complétons nos provisions avec ce que nous trouvons dans l’unique micro épicerie du village. Puis, nous nous posons à la terrasse d’un café.

Grenier à grain traditionnel

Nous profitons d’avoir du réseau pour consulter la météo. Il va faire grand beau les prochains jours, youpi ! Nous allons pouvoir adapter notre itinéraire en fonction et ainsi prévoir quelques variantes supplémentaires. Nous allons notamment pouvoir suivre un itinéraire plus alpin dans le massif Oriental et Célia repère sur la carte, un sentier qui grimpe au Torre Cerredo. Ce sommet est le point culminant des Picos de Europa. A mon avis, vu les pointillés dessinés et les courbes de niveaux, il risque d’être costaud, nous verrons bien…

Nous continuons jusqu’au hameau suivant, à Cordiñanes de Valdeón. Nous voilà au pied de l’impressionnant massif Central. Impossible de poursuivre pour ce soir, nous prenons une demi-pension dans l’unique petit hôtel, la chambre est chauffée, c’est grand luxe !

 

Jour 5 : Cordiñanes de Valdeón – Refuge Verónica
8h05 | 14,5km | +1 1890/-445m

L’étape débute par une belle et raide montée en forêt aux couleurs d’automne, avec quelques passages au bord du vide. Cette forêt de hêtres, comme celle d’hier, est classée au patrimoine mondial de l’Unesco des forêts primaires d’Europe. Après un petit alpage, la montée se fait plus raide, dans un large couloir durant près de deux heures. Il nous conduit au très beau refuge Collado Jermo. Idéalement situé, sur un promontoire, il jouit d’un magnifique panorama. Nous regrettons ne pas avoir prévu une fin d’étape ici. Nous discutons avec le gardien, fort sympathique, et lui posons quelques questions, notamment sur les prochains points d’eau. En gros, il nous faut faire le plein ici.

Montée dans le massif Central

Il est 14h30, nous avons encore le temps de rejoindre le refuge Verónica qui est à deux heures et demie de marche. Nous reprenons la route. Nous croisons dans ce massif plus de monde que dans le massif Occidental. Plus loin, nous apercevons un troupeau de chamois, avec des petits, dominant un petit promontoire rocheux, très bien exposé à la lumière. Nous prenons notre temps pour faire toute une série de photos… Peu après, nous nous apercevons qu’aux chamois, nous aurions pu prendre à gauche, pour un sentier un peu plus direct. Cela nous rajoute une petite demi-heure de marche, ce n’est pas bien grave, surtout que par ici, le sentier est bien plus beau. Ensuite, nous croisons un randonneur affolé, il a perdu son chien, il court partout en criant son nom. Nous ralentissons le rythme et regardons un peu partout. Le vide est juste à côté de nous, nous craignons le pire… Heureusement, il finira par le retrouver un peu plus loin. Nous avons encore loupé une bifurcation…

Champs de lapiaz

S’ensuit une partie plus minérale, nous traversons maintenant de grands champs de lapiaz et d’éboulis. Le terrain est fatigant et grimpons en direction d’un nouveau col. Nous fatiguons, mais depuis le col, le refuge est en vue. Il ne semble pas si loin que cela. Mais nous nous rendons vite compte que le chemin n’est pas direct pour l’atteindre. C’est un parcours du combattant, qui monte et qui descend, qui contourne de grands jous (dépression circulaire comme un cratère), passe au milieu des lapiaz tranchants et d’éboulis, près des gouffres profonds, dans un paysage complètement lunaire. Nous sommes crevés. Heureusement, nous croisons deux chamois, cela nous redonne du peps pour poursuivre. C’est plus efficace qu’une barre énergétique. Nous arrivons au refuge Verónica après quatre heures de marche.

Le spot est grandiose et spectaculaire, nos efforts sont récompensés à leurs hauteurs. Ce soir, nous bivouaquons sur la lune ! Nous trouvons un petit emplacement pour notre tente dans ce champ de pierres, et allons manger face au coucher du soleil à côté du mini refuge-abri. Il a été construit avec un dôme de batterie antiaérienne d’un ancien porte-avions américain. Il ne compte que 6 places, gardien compris (dortoir fermé en cette période de pandémie). Un autre couple est présent et nous indique que le gardien devrait rentrer vers 21h, il est parti faire des courses…

Coucher de soleil sur le refuge

 

Jour 6 : Refuge Verónica – Collado de Samajia
3h45 | 12,5km | +310/-1 185m

Il a fait 7°C cette nuit. Nous nous levons plus tard et prenons notre temps pour profiter du lever du soleil. Nous ne sommes pas pressés, l’étape est courte aujourd’hui.

L’itinéraire se poursuit toujours dans une ambiance lunaire, mais cette fois, sur un sentier facile à suivre. Il se poursuit jusqu’à une télécabine, qui permet l’accès aux cœurs du massif, aux non-randonneurs. Il est 10h, et la foule commence à arriver. Nous bifurquons juste avant la station, pour rejoindre le grand alpage d’Aliva. Un hôtel se situe au centre du plateau, nous faisons une halte à la terrasse. Le serveur ne sait pas trop nous renseigner, mais par chance, un guide de l’hôtel (qui organise des balades pour des groupes), nous donne de bonnes infos pour la suite de la journée. Il nous indique le dernier point d’eau sûr en cette saison, et le dernier coin de bivouac possible, sur un promontoire, à fin de nous avancer au maximum pour demain.

Sieste dans l’alpage d’Aliva

L’après-midi se poursuit à travers le plateau, tranquillement en prenant notre temps. Puis nous rentrons dans le massif Oriental et passons un col pour arriver dans un secteur beaucoup plus isolé et sauvage. Nous ne croisons que des chèvres et des vautours tournent dans le ciel. Depuis le premier jour, nous alternons en permanence entre zone touristique et zone isolée.

Nous arrivons au petit promontoire vers 16h. Un arbre permet de nous mettre à l’abri du soleil pour cette fin de journée. Nous bivouaquons à 1 450 mètres d’altitude. Normalement, dans le parc des Picos de Europa, le bivouac n’est pas autorisé en-dessous 1 600, mais il n’y a pas d’autre possibilité dans le secteur. Nous profitons ici aussi, d’un très beau coucher de soleil.

 

Jour 7 : Collado de Samajia – Sotres
8h00 | 15,5km | +1 160/-1 570m

Un couloir de 1 000 mètres positifs nous attend. La pente est raide, c’est un vrai toboggan. Ce n’est pas le moment de faire tomber sa gourde. Il n’y a pas vraiment de sentier, nous montons presque tout droit. Vers 1 850 mètres d’altitude, le paysage change et nous retrouvons un environnement plus minéral. Roche, caillasses et éboulis sont omniprésents. Nous arrivons à rester à l’ombre de la paroi rocheuse jusqu’à midi, à environ 2 000 mètres d’altitude, nous évitant ainsi d’avoir trop chaud durant la montée. Nous avons fait le plein d’eau hier soir juste avant le bivouac et le prochain ne sera qu’en fin de journée en arrivant au refuge. Il nous faut l’économiser.

De plus en plus raide

Nous trouvons un petit promontoire avec un carré d’herbe qui nous permet d’effectuer une pause pour manger. Nous croisons quelques randonneurs qui descendent d’un col. Les Espagnols sont impressionnants, ils passent et grimpent partout… A l’approche de notre col, le terrain se fait plus glissant, et la pente est toujours raide. En haut, la récompense est une nouvelle fois au rendez-vous. Le panorama à 360° est superbe ! Nous poursuivons sur une belle ligne de crête, d’où la mer est visible au loin. L’itinéraire s’enchaîne sur des anciennes pistes minières jusqu’au refuge Casetón de Andara. Encastré dans une petite vallée étroite et accolé à une paroi rocheuse, il ne nous fait pas trop envie.

Nous décidons de poursuivre la marche jusqu’à un petit col, mais il est sous la limite des 1 600 mètres. Avec le refuge derrière nous et le village de Sotres en bas dans la vallée, nous n’avons aucune excuse pour bivouaquer ici. Problème, nous sommes samedi soir, ce n’est pas sûr que nous trouvions une chambre de libre au village. Nous avons croisé beaucoup de monde cet après-midi par rapport aux jours précédents. Heureusement, nous avons du réseau, et appelons plusieurs hôtels. Nous finissons par en trouver un qui ne soit pas complet. Il est passé 17h, et il nous reste 600 mètres de descente. Nous accélérons le pas.

Une fois posés dans notre petite auberge, spécialement adaptée aux randonneurs avec une ambiance refuge, nous faisons un tour dans le village. Sotres est un ravissant village typique des Picos de Europa avec ses maisons en pierre. Nous allons récupérer notre sac de nourriture laissé à l’hôtel du premier jour. Puis, après être passés par la micro épicerie, nous nous attablons à l’auberge avec des spécialités locales pour le repas.

Village de Sotres

 

Jour 8 : Sotres – Refuge Vega de Urriellu
3h50 | 11,2km | +1 155/-240m

Nous quittons le massif Oriental pour retourner dans le massif Central. Un ancien village de berger abandonné marque la transition. Ayant prolongé l’étape d’hier, la journée sera plus courte aujourd’hui. Nous prenons notre temps et remontons le bel alpage apaisé de la Tereosa jusqu’à sa ferme-refuge, avec en arrière-plan, des hauts sommets comme le Naranja de Bulnes.

Alpage de Vega de Urriellu

L’étape se poursuit par un bel itinéraire à flanc de montage, pour atteindre le pied de l’imposant et impressionnant Naranja de Bulnes. Ce sommet mythique dans le monde de l’escalade espagnol, culmine à 2 518 mètres d’altitude et se caractérise par ses parois verticales atteignant les 600 mètres de hauteur. A son pied se trouve le refuge Vega de Urriellu, le plus grand des Picos de Europa.
Il est 14h, nous installons la tente à côté du refuge. Nous passons le reste de la journée à nous reposer, profiter du soleil, photographier les nombreux chamois et à admirer la mer de nuages en formation. Il fait frais, 5°C, mais le cadre est idyllique, nous mangeons et passons la soirée dehors, comme presque tout les grimpeurs présents. Il y a une douzaine de tentes deux places, et autant de personnes en refuge. Mais l’espace est vaste, il y a de la place pour tout le monde.

Bivouac au refugio Vega de Urriellu

 

Jour 9 : Refuge Vega de Urriellu – Refuge Jou de los Cabrones
6h25 | 9,4km | +885/-800

Au réveil, la mer de nuage est toujours présente, les grimpeurs sont eux, déjà partis pour attaquer l’ascension du Naranja de Bulnes. De notre côté, nous allons également tenter une ascension avant de rejoindre le prochain refuge. Nous comptons atteindre le point culminant des Picos de Europa, la Torre Cerredo que Célia avait repéré sur la carte il y a quelques jours.

Nous débutons la marche en même temps que deux Espagnols, pas tout jeune, qui arrivent de la vallée. Ils sont partis tôt ce matin. Le sentier est étroit, et à plusieurs reprises, nous nous passons les uns devant les autres, dès que l’un marque un arrêt pour prendre une photo, retirer un vêtement… Une fois le col atteint qui marque la bifurcation pour le sommet, nous reprenons la marche tous ensemble. Fransico et Roberto vont également au sommet.

De retour dans le cœur du massif Central, le panorama redevient complètement lunaire. Au loin, la pointe sommitale de la Torre Cerredo se devine. Nous suivons les cairns dans cet environnement minéral à l’extrême, pour arriver au pied du majestueux. Quelle verticalité !

Une belle ascension

C’est raide, très raide, de plus en plus raide, à en devenir de l’escalade. Le vide est sous nos pieds, tout faux pas est à proscrire. Il aurait été préférable de laisser nos sacs à dos dans un coin afin d’être plus à l’aise… Fransico ouvre la voie. Il nous faut une heure et demie de concentration et de prudence pour atteindre le sommet du Torre Cerredo à 2 650 mètres d’altitude.

Quel spectacle ! Impressionnant à 360°, la vue domine les sommets aux alentours, les parois rocheuses, les vallées minérales, les jous géants… Il offre un panorama sur le massif Occidental et le massif Central. L’espace est restreint, mais il y en a suffisamment pour se poser tous les quatre et grignoter un morceau.

Le retour s’effectue par le même itinéraire, en partie en désescalade. Célia n’est pas toujours rassurée. Nous mettons autant de temps pour descendre qu’à la montée. Nous saluons nos compagnons et prenons la direction du dernier refuge. Il nous reste une bonne heure de marche dans la caillasse, en passant près du dernier glacier des Picos de Europa.

Panorama depuis le sommet

Le refuge Jou de los Cabrones est petit, et situé dans un étroit vallon, il se retrouve vite à l’ombre en cette fin de saison. Nous installons la tente et allons nous installer à l’intérieur du refuge en attendant que le repas soit servi. Si celui d’hier était orienté escalade, ici l’ambiance tourne autour de la spéléologie. Une des nombreuses cavités des Picos de Europa, parmi les plus profondes au monde, se trouve juste à côté.

 

Jour 10 : Refuge Jou de los Cabrones – Puente Poncebos
4h40 | 14,4km | +95/-1 900m

Réveil à l’ombre, le soleil n’est pas encore passé au-dessus de la montagne, ca caille. Le refuge Jou de los Cabrones est considéré comme l’un des plus difficiles d’accès. Il reste quelques petits passages techniques ce matin, mais rien d’insurmontable par rapport aux jours précédents. Il y a juste le fait que nous avons les jambes en compotes d’hier, et nous avons un gros dénivelé négatif aujourd’hui.

Après un dernier passage dans un environnement minéral, nous retrouvons les zones d’alpage. La descente pour rejoindre le village de Bulnes est raide, constituée d’une multitude de zigzags. Ce village, sans accès routier, ne s’atteint qu’à pied, ou depuis quelques années, via un funiculaire. Touristique, il n’en reste pas moins très beau.

Village de Bulnes

Notre dernière descente pour rejoindre Puente Poncebos dans la vallée de Cares s’effectue sur un chemin en balcon au-dessus d’une rivière. Jusqu’à la fin, El Anillo de Picos de Europa aura été superbe.