France

Randonnée en raquettes à Villar-d’Arêne dans les Ecrins

L’an dernier, en mars 2017, nous étions partis pour trois jours de randonnée en raquettes au Mont-Thabor. Trois jours exceptionnels de neige et soleil dans un environnement de haute montagne, alternant entre le refuge gardé du Mont-Thabor et l’abri d’hiver du refuge des Marches. Nous avons voulu repartir pour une expérience similaire pour ce mois de février 2018.

Après quelques recherches, notre choix s’est porté sur un itinéraire en étoile dans les Ecrins, non loin de la Meije. Au départ du gîte Le Pas de l’Âne, situé au pied à Le Pied du Col près de Villar-d’Arêne, nous sommes partis pour une randonnée de trois jours en étoile depuis l’abri d’hiver du refuge l’Alpe de Villar-d’Arêne.

Jour 1 • Gîte Le Pas de l’ÂneRefuge d’hiver de l’Alpe de Villar-d’Arêne • 3h00 • +430/-20m

Sur la route, dans le fond de la vallée à l’ombre, le thermomètre de la voiture indique -9°C. Sur le parking au soleil, du gîte où nous la laissons, il ne fait plus que -6°C. Nous sommes à 1667 mètres d’altitude, il est 11h et le ciel est radieux, nous partons pour 3 jours de randonnée en raquettes. L’itinéraire commence par suivre les pistes de ski nordique en fond de vallée sur peu plus d’un kilomètre, jusqu’au parking d’été. Après cela, plus aucune trace, la neige est vierge ! Il a bien neigé ces derniers temps et apparemment, nous sommes les premiers à passer depuis. La montée en fond de vallée jusqu’au refuge ne présente pas de difficulté. Seul le pas d’Anna Falque à mi-parcours se révèle un peu délicat (variable suivant la qualité de la neige). Une pente raide qui passe au-dessus d’un petit vide. Nous taillons des marches et grimpons pas à pas. Une seconde pente raide s’ensuit sans difficulté.

Le paysage est blanc et les chamois sont partout, nous en voyons des dizaines, de tous les côtés. L’appareil photo tourne à plein régime. Nous arrivons aux refuges situés à 2077 mètres d’altitude vers 14h. Le grand refuge gardé est fermé en cette saison, seul le petit refuge d’hiver est accessible. Nous dégageons la porte de la neige qui la bloque et cassons la croûte au soleil. Les refuges sont dominés par le pic de la Chamoissière qui culmine à 3107 mètres d’altitude. La brume qui recouvrait ce matin La Grave et Villar-d’Arêne nous a suivit durant toute la montée. Elle arrive maintenant au niveau du refuge, la visibilité chute, nous ne voyons plus rien, ça caille, nous nous blottissons à l’intérieur du refuge. Nous avions prévu de rejoindre le col d’Arsine pour cette deuxième partie de la journée, mais la météo en a décidé autrement.

Nous passons le temps. Nous installons nos affaires. Nous faisons fondre de la neige pour avoir de l’eau… Il fait 0°C à l’intérieur et même avec toutes nos couches de vêtements, nous n’avons pas très chaud à rester inerte. Du coup, je sors de temps en temps pour déneiger devant le refuge, même s’il n’y a plus de neige qui encombre, cela me réchauffe. À 20h, nous sommes dans nos duvets.

Jour 2 • Refuge d’hiver de l’Alpe de Villar-d’Arêne – Monument – Refuge d’hiver de l’Alpe de Villar-d’Arêne • 6h10 • +755/-755m

Froid, froid, froid… Il faut attendre 9h pour que le soleil arrive sur le refuge. Nous prenons la direction du col du Clot des Cavales perché à 3158 mètres d’altitudes. Cela fait tout de même 1200 mètres de dénivelé positif (l’itinéraire commence par descendre jusqu’à 1994 mètres) et autant à redescendre au retour.

Tout est blanc et givré. Des traces d’animaux courent dans tous les sens. Nous commençons par remonter la vallée de la Romanche, à l’ombre, ça caille. Heureusement, nous retrouvons le soleil au Plan de Valfourche, lorsque l’on bifurque dans la vallée du Clot des Cavales. À partir de là, la montée se fait plus rude, ça grimpe bien. Le col se devine sur les hauteurs, il paraît proche, mais il est haut perché. Aucune trace de passage antérieur de skieurs ou de raquettistes, nous devons faire notre propre trace, la progression est lente. Nous sommes repassés dans l’ombre rapidement, seul le haut de la vallée est ensoleillé, cela nous motive à poursuivre la montée. Putain que ça caille ! Plus nous prenons de l’altitude, plus la limite ombre/soleil prend de la hauteur, impossible de la rattraper. La petite brise qui survole le glacier du Clot des Cavales avant de nous atteindre, nous glace. J’aurais dû me douter qu’une vallée qui abrite un glacier ne devait pas beaucoup voir le soleil en hiver… Dès que nous retirons une moufle pour prendre une photo, nos mains gèlent en quelques secondes. Nous ne pouvons faire de pause, il nous faut être en mouvement en permanence pour garder notre chaleur. Malgré cela, nos pieds se refroidissent.

Je ne sais pas quelle température il peut faire. Ma montre est pourtant équipée d’un thermomètre, mais rien que de penser que pour avoir la température, il faudrait que je m’arrête, que j’enlève mes moufles, que je la retire de mon poignet, que je l’attache à mon sac à dos… J’en suis frigorifié d’avance. Hier sur la route, le thermomètre de la voiture affiché -9°C dans la vallée de La Grave. Sachant qu’en altitude, on perd 1°C tous les 100 à 150 mètres et que nous sommes 1000 mètres plus haut, cela fait du -15/-20°C. Avec la brise du glacier, on arrive à une température ressentie de -20/-25°C… Je commence à ressentir des sensations étranges au niveau des orteils, au-delà des sensations de picotements, de brûlure…

Nous arrivons à un belvédère au pied du col et du glacier, indiqué « Monument » sur la carte, à 2663 mètres d’altitude. Il est déjà 13h. Nous n’irons pas plus loin. Atteindre le col voudrait dire un retour au refuge à la nuit tombée, impensable. Il nous faut retrouver le soleil, je tiens à mes orteils. C’est dommage, l’ascension était vraiment belle. Il nous faut que trente minutes pour retourner au carrefour de vallée de Plan de Valfourche et quittez l’ombre. Il fait bon, il fait chaud ! Nous prenons notre temps, profitons de la neige et du soleil, pour rentrer au refuge. Nous y passons une seconde soirée.

Jour 3 • Refuge d’hiver de l’Alpe de Villar-d’Arêne – Col d’Arsine – Refuge d’hiver de l’Alpe de Villar-d’ArêneGîte Le Pas de l’Âne • 6h10 • +755/-755m

9h00, le soleil est là, nous sommes prêts. Nous prenons la direction du col d’Arsine situé à 2340 mètres d’altitude, que nous avions prévu de rejoindre le premier jour. Nous aurons moins froid aujourd’hui, hier, nous avons pu constater qu’il était au soleil une bonne partie de la journée. Chamois, lapins, renards… les traces d’animaux sont fortes présentes ici aussi. Des petits champignons blancs poussent en ligne droite. La neige, sculptée par le vent, donne naissance à d’étranges formations. Arrivés au col, nous avons la chance d’apercevoir un renard qui s’éloigne. Nous profitons du panorama blanc, des hauts sommets et retournons au refuge récupérer nos sacs.

Pour le retour jusqu’au gîte Le Pas de l’Âne, nous suivons le même itinéraire qu’au premier jour. Les chamois sont toujours aussi nombreux, si ce n’est plus. Ils sont présents durant toute la descente, jusqu’aux pistes de la station nordique. Il n’y a qu’au passage du pas d’Anna Falque où nous ne suivons pas exactement notre trace. Nous étions passés trop près du vide, je ne tiens pas à faire une mauvaise glissade. Nous passons à travers le petit bois, les arbres nous arrêteront en cas de souci. La neige est verglacée, nous sortons les piolets, descendons en marche arrière et taillions de belles marches. Le passage est court. Nous terminons ces trois jours de randonnée en raquettes autour d’un vin chaud au gîte.

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