France

Le Mont-Thabor en raquettes

Au départ, nous avions prévu d’effectuer la G.T.V. (Grande Traversée du Vercors) en raquettes. Mais le manque de neige nous contraint à mettre de côté ce projet. La météo s’annonçant exceptionnelle pour la semaine du 13 au 16 mars 2017, nous cherchons une autre randonnée itinérante à plus haute altitude, réalisable en raquettes. C’est ainsi que nous tombons sur le Mont Thabor en Haute Maurienne, près de la frontière italienne. Nous avons deux possibilités :

  • Le tour du Mont Thabor en 4 jours depuis Valmenier, en passant par le refuge Des Drayères, de ceux de la Vallée Etroite, de celui du Mont Thabor et des Marches (possibilité d’effectuer l’ascension du sommet en ajoutant 1 jour).
  • L’ascension du Mont Thabor avec une petit boucle par le refuge des Marches, au départ de Valfréjus en 4 jours.

Nous optons pour la deuxième option, car elle est plus modulable en cas de changement de météo, d’augmentation du risque d’avalanche, de fatigue… que le tour par la Vallée Étroite.

Jour 1 • ValfréjusRefuge du Mont Thabor • 4h35 • +980/-60m

Nous arrivons à Valfréjus vers onze heures, une jolie petite station de ski située à 1550 mètres d’altitude. Après être passé dans une boutique de ski pour louer deux packs D.V.A. (Détecteur de victimes d’avalanche), pelles et sondes, nous chaussons nos raquettes et débutons la marche. L’itinéraire commence en forêt par un sentier balisé pour les balades en raquettes autour de la station. Il est midi, le soleil brille de toutes ses forces, la neige fond à vue d’œil… La neige est toute molle, même avec les raquettes, nous nous enfonçons et nous devons fournir un gros effort pour avancer. Après un peu moins de deux heures de montée, nous arrivons au parking Le Lavoir à 1905 mètres qui marque l’été, le départ de la randonnée vers le refuge du Mont Thabor. En cette saison, c’est une piste de ski !

Nous profitons du beau temps pour pique-niquer directement sur la neige, en tee-shirt ! La vallée est plus dégagée, laissant place à un panorama de haute montagne enneigée. Nous la remontons par le côté gauche, orienté Nord, car l’autre versant est trop exposé aux risques d’avalanches à cette heure de la journée. Nous suivons les traces des skieurs (ski de randonnée), qui cheminent dans ce paysage d’un blanc impeccable. Nous arrivons au refuge du Mont Thabor, juste avant qu’il ne passe dans l’ombre, à 17 heures. Le gardien nous accueille dans son logis qui peut héberger une cinquantaine de personnes, mais ce soir nous sommes les seuls clients.

Jour 2 • Refuge du Mont Thabor – Mont Thabor – Refuge du Mont Thabor • 6h15 • +1040/-1040m

Du refuge à 2500 mètres d’altitude, nous rejoignons en premier le passage de Sainte Marguerite, juste au dessus du col de la Vallée Étroite. En hiver, l’itinéraire varie légèrement par rapport à celui emprunté l’été. Nous traversons un long devers qui nous conduit au lac du Peyron, entièrement recouvert par la neige. Nous sommes seuls dans ce gigantisme blanc qui nous entoure. Le chemin qui conduit au sommet ne présente pas de difficulté technique et il reste peu exposé aux avalanches, même si le risque est toujours présent… Pour atteindre le col suivant, nous empruntons le passage, Les Chances du Peyron, qui passe sous le Grand Seru. Ce sommet aussi imposant qu’une cathédrale domine la Vallée Étroite, enclave française en territoire italien. S’en suit une raide montée le long d’un chemin de croix recouvert par la neige. Nous grimpons tout droit vers le sommet, et après quatre heures de marche, nous atteignons la chapelle perchée sur le Mont Thabor à 3178 mètres d’altitude. Nous avions éventuellement prévu de passer la nuit à l’intérieur, mais voyant la quantité de neige qu’elle renferme, nous sommes content de ne pas avoir retenu cette option !

Le panorama est splendide à 360°, toutes les montagnes sont blanches. La météo est exceptionnelle ! Le ciel est complètement dégagé, nous avons une superbe vue sur les massifs du Mont-Blanc, de la Vanoise, des Écrins et du Valais. Nous sommes seuls à jouir du spectacle, nous n’avons aperçu que quelques skieurs qui descendaient du sommet, lorsque nous l’avons atteint.

Nous regagnons le refuge par le même itinéraire, il nous faut à peine plus de deux heures pour l’atteindre. Lorsque nous arrivons, nous constatons que nous ne sommes plus seuls, de nombreux skieurs sont montés pour profiter de la neige et du soleil. Il y a entre 25 à 30 personnes ce soir, et notre dortoir de 12 lits est plein. Nous avons décroché le gros lot, un ronfleur allemand… Et encore, le mot est faible… nous révisons la scène de Louis de Funes dans la Grande Vadrouille…

Jour 3 • Refuge du Mont Thabor – Col du Cheval Blanc – Refuge des Marches • 3h40 • +415/-700m

Nous nous réveillons plus fatigués que nous nous sommes couchés, nous n’avons pas trouvé le sommeil avant trois heures du matin ! Nous quittons le refuge en dernier afin d’éviter l’agitation générale. Il va y avoir foule au sommet aujourd’hui. Quant à nous, nous prenons la direction du col du Cheval Blanc. Situé à 2791 mètres, il n’est qu’à 290 mètres au dessus du refuge, mais nous avançons au ralenti. Il nous faut une heure vingt pour l’atteindre… Il offre une vue sur le Mont Thabor, le Pic Thabor et la Pointe de Terre Rouge. Avant de descendre dans cette nouvelle vallée, nous effectuons un détour pour rejoindre le glacier du Thabor, entièrement recouvert par la neige, situé au pied du Pic Thabor. Nous avions éventuellement prévu de monter à la Point de Terre Rouge, mais la fatigue nous incite plutôt à prendre le chemin de la descente vers notre nouveau refuge. L’itinéraire est sauvage, complètement différent de la veille. Il n’y a personne dans le secteur et quasiment aucune trace ! Nous restons prudents quant aux avalanches, d’autant plus qu’une ancienne coulée bien visible recouvre une partie du chemin.

Nous arrivons à midi au refuge des Marches. Contrairement à celui du Mont Thabor, il n’a pas encore ouvert et nous n’avons trouvé aucune information concernant la présence d’une salle hors sac (partie du refuge accessible toute l’année, même quand celui-ci est fermé). Nous faisons le tour, dégageons la neige de devant la porte et par chance, un petit local d’environ trois mètres par deux est à disposition pour les randonneurs. De quoi, y installer nos matelas et duvets pour la nuit, nous n’aurons pas besoin de monter la tente dans la neige. En plus, la rivière qui coule en contrebas du refuge n’est pas gelée, nul besoin de faire fondre de la neige pour avoir de l’eau. Nous passons l’après-midi à déneiger le coin, à faire une sieste au soleil sur une table qui dépasse de l’épaisseur de la neige, à faire un bonhomme de neige, ainsi que des exercices de D.V.A.

Jour 4 • Refuge des Marches – Col des Sarrasins – Valfréjus • 5h10 • +600/-1300m

Nous partons dès le lever du soleil, vers sept heures, car il nous faut franchir le col avant midi. La descente étant exposée plein Sud, la neige va fondre à vue d’œil et le risque d’avalanche sera élevé cet après-midi. La montée débute derrière le refuge, elle est raide, très raide ! Piolet à la main, pour Célia, nous avons malheureusement oublié notre deuxième piolet… Nous grimpons droit dans la pente. Il est difficile d’effectuer des Z avec cette inclinaison. Célia commence à sentir ses jambes trembler, il y a un beau vide derrière nous. Heureusement, il ne nous reste que quelques pas à faire pour atteindre un replat. La suite est plus facile. La montée est encore longue, sur un itinéraire encore très sauvage où les seuls traces dans la neige sont celles laissées par des animaux. Après une heure d’ascension, nous arrivons à la hauteur de la zone ensoleillée. Il fait chaud ! La journée s’annonce encore exceptionnelle. Nous poursuivons vers le col que nous atteignons en un peu plus de deux heures et demie de marche depuis le refuge. Situé à 2844 mètres d’altitude, le col des Sarrasins offre une magnifique vue sur la vallée, la ligne de crête et les massifs lointains, le panorama blanc est de toute beauté. Nous retrouvons ici quelques skieurs arrivés depuis l’autre versant du col, directement depuis le refuge du Mont Thabor.

Une descente de 700 mètres de dénivelé nous attend pour rejoindre le fond de vallée. La neige commence déjà à fondre et la pente est parfois bien raide. Nous lugeons sur les fesses, glissons sur les raquettes, la descente s’effectue vite, il nous faut tout juste une heure pour atteindre la vallée, soit pour midi. La neige est toute molle et nous sommes maintenant à l’écart des zones à risque d’avalanche. Nous retrouvons le sentier du premier jour, et poursuivons la descente jusqu’à Valfréjus.

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